L'œuvre est-elle l'ébauche d'une expression? Le propos du sujet est-il la résultante d'un sentiment? Une émotion détermine-t-elle la création?

(…) Pierre Zufferey nous attire sans commune mesure dans le trouble de la confrontation entre la perception du ressenti de ce qui devrait être et l’expression de l’effectif de l’artiste qui est. Depuis dix ans que j'ai la chance de le côtoyer et de pénétrer régulièrement son univers, Pierre ne triche pas. Il ne va pas chercher à vouloir plaire, il fait partie de ces artistes dont le résultat d'une création est un travail venant du plus profond de lui-même. Il esquisse initialement le sujet, le pense, prépare ses pinceaux et ses propres pigments, confronte une création immédiate et le temps nécessaire à un juste rendu. Face à la toile qu'il pose sur le mur, il va encore intérioriser le sujet et commencer à le transcrire.

(…) Je l'ai suivi dans son atelier. L'espace est donné pour que l'œuvre puisse se développer dans les meilleures conditions. Vous vous trouvez face au sujet et vous avez l'impression que le tableau est achevé. Et bien «Non!», Pierre vous dit qu'il est important de prendre du recul, de travailler un deuxième rendu, de prendre du recul à nouveau, de revenir, de ne pas se reposer sur l'acquis et de corriger jusqu'au bout la dernière touche «d'imperfection». Il faut laisser mûrir le travail, savoir s’en distancer et revenir jusqu'à ce moment où le profond de l'être donne le message du travail accompli. L'émotion ne s'extirpe pas d'un seul coup. Le cadre est posé et chaque trait est la résultante d'un vrai sentiment.

(…) L'évolution est permanente mais que cela soit aujourd'hui ou demain, voire même dans vingt ans, chacun pourra reconnaître la trace de Pierre. Il a trouvé son style, il le cultive, il est son empreinte digitale. Il est une émotion permanente. Il est Pierre Zufferey.

Paru aux éditions FERRARY ART GALLERY – 214 pages
Novembre 2012